Aurore le papillon

Publié le 6 avril 2025 à 22:07

Un souffle d’aile, un rayon de lumière. Un papillon, une fleur, un instant suspendu. Découvrez l’histoire derrière cette image, entre technique, poésie et nature sauvage.

L’histoire de cette photo

Chaque image raconte une histoire, et celle-ci ne fait pas exception. En général, je préfère photographier les papillons le matin. À cette heure-là, ils restent endormis et engourdis par la fraîcheur de la nuit, devenant ainsi d’excellents sujets immobiles. Il suffit simplement de savoir où chercher et d’avoir un œil attentif.

Pour capturer ce papillon, j’ai changé mes habitudes. Cette fois, je l’ai suivi à la tombée du jour, au moment où il choisit son perchoir pour la nuit. La photographie exige d’être présent au bon moment, mais elle repose aussi sur une part de chance.

Ce papillon, nommé Aurore (Anthocharis cardamines), est un mâle que l’on reconnaît à la moitié orangée de ses ailes supérieures et à son motif blanc persillé de vert sur le revers. Je l’ai observé se poser délicatement sur une fleur Stellaire, profitant des derniers rayons du soleil, ce qui explique sa légère inclinaison.

La scène est parfaite, presque poétique.

Cependant, la prise de vue s’annonce compliquée. Le terrain, légèrement escarpé, m’oblige à me passer de trépied. Mais tel un chasseur d’images, je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité.

papillon Aurore (Anthocharis cardamines), Fleur Stellaire

Technique de prise de vue

Je m’approche à environ cinquante centimètres du papillon. Il ne bouge pas, comme s’il était prêt à entamer sa nuit.

Avec précaution, je place un fond en papier blanc en arrière-plan, en m’assurant qu’il tienne en équilibre grâce à quelques brindilles discrètes.

Mon objectif Tamron 90 mm est monté sur mon fidèle Canon 7D Mark II. Je fais la mise au point sur les ailes, fascinantes par leur texture, et je retiens mon souffle dans une position quelque peu inconfortable. Je déclenche plusieurs fois, jouant avec la douceur du dernier rayon de soleil.

J’opte souvent pour des prises de vue sans flash, particulièrement en photographie de papillons. Certes, cela peut s’avérer contraignant en faible luminosité, mais je privilégie toujours le charme et l’authenticité d’une lumière naturelle.

Paramètres de prise de vue : ISO 320, ouverture : f/5,6, vitesse d’obturation : 1/200 s.

Post-traitement

 

Pour assurer un contrôle optimal de mes traitements, je travaille toujours mes fichiers photographiques au format RAW (un format non compressé et sans profil colorimétrique), que je développe exclusivement avec Adobe Lightroom.

Les teintes blanc et vert de ce papillon sont superbes, mais le passage au monochrome sublime l’aspect graphique épuré de la composition. Cela me permet de jouer avec un contraste saisissant entre le noir et le blanc.

J’utilise ensuite Photoshop pour nettoyer l’image et ajouter cette touche de rouge, qui apporte un effet visuel percutant et presque surréaliste, tout en renforçant l’impact graphique de ma création.

 


Ma démarche artistique

Au-delà de la simple représentation d’un insecte sur une fleur, cette photo cherche à évoquer l’éphémère beauté de la nature. Le papillon, suspendu dans un monde presque monochrome, devient une métaphore visuelle : il incarne la rareté d’un instant précieux, la légèreté de l’existence, et l’invitation à ralentir pour contempler.

La couleur rouge conservée sur ses ailes, en contraste avec le noir et blanc de l’ensemble, vient symboliser la vie qui palpite au cœur du silence, une énergie discrète mais essentielle. Ce choix visuel vise à attirer l’œil, mais aussi à évoquer la vulnérabilité du vivant dans un monde qui tend à l’uniformisation.

Cette image, en apparence minimaliste, devient alors un support de méditation visuelle : que cherchons-nous à voir, et que laissons-nous passer sans le remarquer ?

Le tirage Fine Art

Pour restituer fidèlement les nuances et les textures de cette image, j’ai choisi un tirage Fine Art sur un papier haut de gamme Hahnemühle Photo Rag. Ce type de tirage offre une profondeur et une richesse des noirs incomparables, tout en préservant la délicatesse du sujet. Chaque tirage est réalisé avec soin, garantissant une qualité muséale et une longévité optimale.

Cette photographie est disponible en édition limitée sur mon site. Elle invite à une contemplation silencieuse et à une connexion intime avec la nature. Un instant figé dans le temps, à la fois fragile et éternel.


À propos du papillon Aurore

Le papillon Aurore (Anthocharis cardamines) appartient à la famille des Pieridae. On le rencontre fréquemment dans les prairies, les lisières de forêts et les jardins, principalement au printemps. Le mâle est facilement identifiable grâce aux tâches orangées sur ses ailes antérieures, contrastant avec le blanc du reste de ses ailes. La femelle, plus discrète, est entièrement blanche avec des motifs grisâtres.

Les chenilles de l’Aurore se nourrissent principalement de plantes de la famille des brassicacées, comme la cardamine des prés ou l’alliaire. C’est un papillon sensible aux modifications de son habitat, ce qui en fait un bon indicateur de la qualité des milieux naturels.

papillon Aurore (Anthocharis cardamines)

À propos de la fleur stellaire

La fleur que l’on voit sur cette photo est une Stellaire holostée (Stellaria holostea), une plante vivace commune dans les sous-bois clairs, les haies et les lisières. Elle se distingue par ses pétales profondément divisés, lui donnant une forme d’étoile fine et délicate. La Stellaire fleurit entre avril et juin, en parfaite synchronie avec l’émergence des papillons Aurore.

Elle fait partie des premières fleurs à éclore au printemps, attirant de nombreux insectes pollinisateurs. Bien qu’elle paraisse fragile, la Stellaire est une plante robuste, capable de s’adapter à différents types de sols et de conditions d’ombre.

Fleur Stellaire

Conclusion

Cette photographie n’est pas qu’un simple cliché naturaliste : elle est le fruit d’une rencontre, d’un instant suspendu entre lumière et silence, entre le battement d’ailes d’un papillon et le calme du soir tombant. Elle traduit ma volonté de capter non seulement le visible, mais aussi l’invisible — ce qui se ressent plus que ce qui se voit.

À travers ce travail, j’espère offrir plus qu’une image : une émotion, une respiration, une pause dans le tumulte. Car photographier, pour moi, c’est composer avec la lumière et l’ombre, mais surtout avec le vivant.

OKI

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